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On me demande souvent d’identifier des espèces, mais je n’ai encore jamais rien vu de tel. Ce corps se terminant par un embryon de queue ou encore ces nageoires ressemblant à des moignons, la bête plus semblable à un lézard qu'à un poisson. Miss Latimer a peut-être mis la main sur l’une des plus grandes découvertes de notre époque. Une découverte qui pourrait prouver une théorie d’êtres aquatiques, qui auraient vécu dans les ténèbres des âges les plus reculés, et dont nous ne connaissons que quelques débris pestiférés.

Je suis excité comme une puce, il faut que je garde la tête froide. La ressemblance du croquis avec les représentants de coelacanthes est quand même frappante. Sauf que ces derniers sont censés avoir disparu il y a 360 millions d’années. J’aimerais me rendre immédiatement à East London, cependant nous sommes en pleine période d’examens et je ne peux pas abandonner mes élèves. Qui plus est, la lettre a été envoyée il y a onze jours et le musée d’East London n’a qu’un matériel dérisoire, il y a des chances que la bête soit déjà pétrifiée. Je m’en vais de ce pas dans un magasin possèdant un téléphone pour essayer de les contacter mais cela risque de ne pas être simple.

Comme je m’y attendais, je n’ai pas réussi à la joindre. Miss Latimer n’a pas le téléphone et le temps d’appeler le musée, il a sûrement déjà fermé ses portes. Je me suis donc arrangé pour pouvoir le faire à la première heure demain matin. En attendant, je leur ai envoyé un télégramme ainsi qu’une lettre qui ne devrait pas mettre plus de six jours à parcourir les 525 kilomètres qui me séparent d’East London.

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10 Janvier 1939

 

Sa réponse est enfin arrivée et les nouvelles sont mitigées. Les parties molles du poisson ont commencé à se putréfier et ont donc dû être jetées. Heureusement, la taxidermiste aurait fait du bon travail même si l’huile continue à ruisseler de la peau. La description de la bête que j'ai reçue me conforte dans l’idée qu’il s’agit bel et bien d’un coelacanthe. Je dois en savoir plus, je vais donc de ce pas lui faire parvenir un nouveau courrier.

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Septembre 1952

 

Notre navire a fait escale à Zanzibar aujourd’hui et les autorités locales nous ont demandé d'organiser une exposition de nos découvertes. Leur aide pour l’expédition nous a été si précieuse que nous ne pouvions leur refuser. Elle attira un monde fou, ce fut une belle journée. 

Ma femme a par ailleurs croisé une veille connaissance à elle, un certain Eric Hunt. Un homme plutôt charmant qui commande un shooner et fait du commerce entre l’Afrique continentale et l'archipel des Comores. Ils ont beaucoup discuté ensemble de nos différentes expéditions et recherches. D'après elle, Hunt en plus d’être un passionné de la mer est un aventurier dans l'âme, cela ne pouvait que l'intéresser. Il a gentiment proposé de prendre un paquet de nos avis de recherches afin de les distribuer aux Comores. Même si on sait l’efficacité qu’ont eu ces affiches jusqu’ici. J’ai tout de même pris la peine de lui expliquer ce qu’il devrait faire au cas où il en trouverait un, lui injecter le plus de formol possible ou le conserver avec du sel s’il n’a pas de produit sous la main. 

Toujours est-il que nous repartons demain en direction de Pemba puis du Kenya afin d'y explorer les vastes étendues de littoral.

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24 Décembre 1952 8h

 

Le voyage retour fut exténuant. Entre les journalistes, les officiels et les simples curieux, nous étions assaillis à chacune de nos escales. Ce ne fut pas de tout repos mais nous sommes bien rentrés. Et si l’expérience de cette expédition sous les tropiques fut extrêmement enrichissante, je ne pense pas être prêt à me remettre dans une telle aventure de sitôt. 

Nous avons débarqué à 7 heures et aussitôt une foule d’amis et de journalistes nous a sauté dessus. Si cela ne me plaît guère en temps normal, je me suis bien volontairement plié au jeu cette fois. 

Nous allons désormais rejoindre le salon où je crois que mon bon ami Stanley Dagger nous attend.

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Décembre 1952

 

Ces 2 mois ont été extrêmement éprouvants. Les conditions météorologiques ne nous ont laissé aucun répit. Heureusement que nos recherches sur la faune locale ont été fructueuses. Nous rentrons avec un grand nombre d'espèces dans nos soutes, dont certaines extrêmement rares et encore jamais étudiées. Par contre, pour ce qui est du coelacanthe, toujours rien.

Nous avons d’ailleurs croisé Hunt ce matin en accostant à Zanzibar. Nous avons bien évidemment discuté du coelacanthe. Il nous a dit avoir fait distribuer nos tracts dans tous les îlots des Comores mais ne pas avoir encore eu de retours. Il nous a aussi posé beaucoup de questions sur la manière dont il devrait agir lorsqu’il en trouvera un. Oui, Hunt est un homme incroyablement confiant et n’utilise pas le conditionnel lorsqu’il parle de ses recherches. Mais c’est une bonne chose car désormais nos espoirs reposent en grande partie sur lui. Pour nous, l’aventure s'arrête ici. Notre expédition prend fin et nous rentrons à la maison.

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29 Décembre 1952

 

Hunt m’attendait à la sortie de l’avion. Je lui ai immédiatement demandé où se trouvait mon coelacanthe. Oui, je considère qu’il est à moi. C’est bien la moindre des choses après toutes ces années de recherche. Il me rassura en me disant qu’il s’agissait bien d’un coelacanthe, mais qu’il faudrait d’abord passer à la résidence du gouverneur. Encore et toujours, ces obligations protocolaires.

J’ai expédié cela trés rapidement ce qui ne plut pas énormément à sa femme qui avait préparé le repas, mais c’était plus fort que moi. Je n’en pouvais plus d’attendre.

Hunt m’emmena sur son schooner et me désigna du doigt une grande caisse ressemblant à un cercueil près du mât. Lorsqu’il souleva le couvercle, je sentis mon corps se paralyser, et commençais à suffoquer. Au bout d’un instant, je réussis à m’agenouiller à sa hauteur pour le regarder de plus près... et tandis que je le caressais, des larmes se mirent à couler sur mes joues. Cela faisait 14 ans que je dédiais ma vie à sa recherche et j’avais enfin réussi.


 

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Une fois avoir repris mes esprits, Hunt m’expliqua le chanceux récit de sa prise. C’est un pêcheur nommé Ahmed Hussein qui, dans la nuit du 20 décembre, le remonta. Le lendemain, il l'emmena au marché pour le vendre. Alors qu’il était sur le point de le découper, un autre indigène arriva et lui somme de ne rien faire car la bête ressemble étrangement à celle des tracts distribués par Hunt. Par un heureux hasard (encore un), ils savaient que le schooner de Hunt reposait dans le port de Mutsamudu à quelques 40 kilomètres de là. Les deux hommes traversèrent alors les sentiers escarpés de l'île sous la chaleur écrasante des tropiques jusque là-bas. Parcourir 40 kilomètres sous une chaleur de plomb avec un poisson de 50 kilos sur les épaules, voilà ce qu’on appelle le pouvoir de l’argent.  30 000 francs CFA peuvent faire pousser des ailes. Une fois arrivés au port, les deux hommes allèrent directement à la rencontre de Hunt qui récupéra le coelacanthe et les questionna. Apparemment, les indigènes connaissent bien ce poisson, il est rare qu’ils en remontent mais cela arrive. Ils l'appellent Kombessa et se mange après avoir été cuit frais. Ses écailles sont aussi parfois utilisées pour gratter les chambres à air des bicyclettes.

 

 

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Ce tête à tête ne dura pas très longtemps, nous devions rapidement reprendre l’avion à cause de la météo, sans quoi nous serions restés bloqués sur cette île. Nous sommes quand même repassés chez le gouverneur, pour goûter au plat de sa femme, avant de reprendre la route de notre Dakota. Avant de partir, je l'ai informé que j’offre toujours 100 livres à celui qui ramène un 2ème coelacanthe et qu’il serait offert à la France. Après tout, ils auraient très bien pu ne pas accepter que je récupère celui-ci, c'est donc la moindre des choses.

 

Nous sommes remontés dans le Dakota où avait été chargée la bête. Il décolla en direction de l’Afrique du Sud et c’est à ce moment que j'ai réalisé. Je l’ai fait, j’ai trouvé cette bête disparue depuis 50 millions d’années. Cela m'a pris 14 ans de ma vie mais je l’ai fait. Et même s’il me reste beaucoup de travail pour découvrir tous les secrets du coelacanthe, cette chasse au trésor qui m’a fait fouiller les moindres recoins de nos côtes tropicales se termine enfin.

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Retour Bureau

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Je n’en reviens pas. Alors que nous étions en train d’échanger avec Stanley sur notre expédition, un sous-officier est venu m’apporter un télégramme. Il était écrit URGENT dans un des coins et lorsque je l’ouvris deux mots me sautèrent au visage “Coelacanthe” et “Hunt”.

Il a réussi, il en a attrapé un. Mais je n’en sais pas plus. Je suis tiraillé entre l'excitation et le nombre hallucinant de questions qui me viennent. Où se trouve Dzaoudzi ? Apparemment, il s’agirait d’une petite île des Comores. Dans quel état est-il ? Tué le 20, il y a donc 4 jours. Hunt avait-il assez de formol à sa disposition ? Si oui, lui en a-t-il injecté assez ? Il me faut me rendre le plus rapidement possible là-haut. En attendant, j’ai envoyé un télégramme en réponse.

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Mon hypothèse est désormais la suivante : Il n’y a aucune région marine aussi vaste et inconnue que le littoral de l’Afrique orientale et aucune avec des conditions aussi favorables à la survie d’un coelacanthe. La région est remuée par de nombreux courants qui auraient très bien pu faire s’égarer le Latimeria péché à East London. Un spécimen me paraît particulièrement intéressant : celui de Madagascar. C’est un courant chaud qui qui mène directement aux côtes sud-africaines. L'île possède 4500 kilomètres de côtes, dont une grande partie qui n’a jamais été observée par un expert. De nombreux fossiles de coelacanthe y ont déjà été retrouvés. Je suis persuadé que c’est là qu'il faut mener nos recherches désormais. Mais il faudrait des années pour explorer chaque récif de cette vaste région... et surtout de l’argent, beaucoup d’argent. Je n’ai pas les moyens et l’époque n’est pas favorable à la recherche de financement. Il faudra attendre pour que cette expédition voit le jour.

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1945

 

Cela fait un petit moment que je n’ai pas mis à jour ce carnet. Il faut dire que nos avancées sont maigres pour ne pas dire inexistantes. Avec ma femme, nous avons interrogé tous les pêcheurs de la côte. Du plus gros chalutier jusqu’au plus petit pêcheur amateur, nous les avons tous passés en revue. Nous avons fait distribuer une photo du poisson avec une promesse de récompense à tous les chalutiers et bateaux mais nous n’avons toujours pas eu de nouvelles. Rien, pas même un petit signalement. Il est évident désormais que le coelacanthe ne vit pas près d’East London.

 

 

16 février 1939

 

Après huit jours de voyage, nous sommes enfin arrivés à East London. Le trajet fut épouvantable à cause des pluies et des inondations incessantes. Mais bon, nous sommes arrivés, et c’est là le plus important. 

Une fois sur place, je me suis immédiatement rendu au musée. Ce fut un choc lorsque je l'aperçus. Il était là, devant moi, et ça ne faisait aucun doute, il s’agit bien d’un coelacanthe. Je suis resté figé avant de me mettre à trembler devant une telle vision. Une créature disparue depuis 50 millions d’années se trouvait là, juste devant moi. Une fois après avoir repris mes esprits, nous avons organisé la suite des événements avec Miss Latimer. Nous avons décidé de ne pas communiquer sur cela pour le moment, seul le conseil du musée sera mis au courant. L’annonce de cette découverte au grand public se fera par le biais d’une revue scientifique à qui je vais envoyer un court mémoire.

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7 février 1939

 

Ces dernières semaines furent très enrichissantes. Nous avons continué d’échanger par courrier avec Miss Latimer. Apparemment, le poisson aurait bien été pêché vivant, ce qui rend caduque mon hypothèse de conservation par les limons. Le capitaine du chalutier dit l’avoir remonté à environ 40 brasses de profondeur au large de Chalumna. Elle m’a aussi fait parvenir 3 écailles qui ne laissent quasiment plus aucun doute, il s’agit d’un coelacanthe. Mes derniers soupcons devraient bientôt disapraitre puisque nous allons, avec ma femme, prendre la route d’East London sous peu. Nous étions censés encore patienter quelques jours mais je n’en peux plus d’attendre. Nous partons donc demain matin à la première heure.

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9 Janvier 1939

 

J’ai passé ces derniers jours à essayer de creuser cette histoire de coelacanthe mais je n’en suis ressorti qu’avec encore plus de questions. Le South American Museum du Cap m’a envoyé un volume traitant des crossoptérygiens et cela n’a fait que renforcer mon sentiment qu’il s’agit d’une espèce de coelacanthe qui aurait survécu pendant des millions d’années. Mais comment cela peut-il être possible sans que sa physionomie n'évolue ? D’autant plus qu’ils ne mesurent normalement pas plus de 30 centimètres, or la découverte de Miss Latimer en fait 135.

Je suis totalement obsédé par cette potentielle découverte. J’en rêve la nuit et passe mes journées à regarder le croquis, les notes et le volume. J'espère recevoir bientôt des nouvelles de Miss Latimer.

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Coelacanthe 

3 Janvier 1939

 

Ce matin, alors que j’étais dans ma villa de Knysna en train de classer mes papiers, on est venu m'apporter mon courrier. Parmi les lettres, une venait du musée d’East London. J’ai tout de suite reconnu l’écriture de miss Latimer, ce qui m’a plutôt étonné car nous échangeons assez peu. Je me suis donc empressé d’ouvrir l’enveloppe, et que ne fut pas ma surprise en découvrant son contenu.

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CREDITS

INTRO

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